Déchets alimentaires : et si vous en faisiez du compost ou de l’électricité locale ?

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Dès 2024, la collecte sélective des déchets biodégradables, ou le recyclage à la source, sera d’application partout en Europe, pour les professionnels comme pour les particuliers. Vu la quantité de déchets que vous produisez chaque semaine, c’est un défi qui pourrait devenir une opportunité. Des solutions existent déjà sur le marché pour pouvoir transformer vos déchets alimentaires, chez vous ou près de chez vous, même en ville, en compost, engrais, ou même en gaz ou en électricité.

Imaginez qu’au lieu de finir à l’incinérateur, vos déchets alimentaires soient transformés en matière organique pour enrichir les champs d’un horticulteur ou d’un maraîcher local, et que les fleurs ou les légumes de ceux-ci soient ensuite mis à l’honneur dans votre restaurant… Une jolie histoire que vous pourrez partager avec vos clients ! Mais aussi une piste d’économie circulaire dont les bienfaits ne sont pas que pour la planète, et à laquelle il vaudra la peine de réfléchir sérieusement dans les mois à venir…

2024, C’EST DÉJÀ DEMAIN !

À l’heure actuelle, selon un rapport récent de l’International Food Waste Coalition, l’Europe génère quelque 90 millions de tonnes de déchets bio par an, dont 60% proviennent de déchets alimentaires. Environ la moitié seulement est recyclée, principalement via le compostage et la biométhanisation.

Or, l’Union européenne a fait de la réduction et de la valorisation des déchets des axes prioritaires de la transition écologique prônée dans le Pacte vert. Un des textes emblématiques en la matière est la directive-cadre sur les déchets de 2008, actualisée en 2018. Celle-ci fixe des objectifs en termes de collecte et de recyclage des déchets. Parmi ceux-ci : la collecte séparée des déchets biodégradables ou le recyclage à la source dès 2024, pour les professionnels comme pour les particuliers.

LES SOLUTIONS COLLECTIVES NE SUFFIRONT PAS

En Belgique, chaque Région a commencé à travailler sur la problématique, la Flandre étant la plus en avance pour l’instant. On sait qu’à Bruxelles par exemple, une unité de biométhanisation, destinée à traiter les déchets bio des ménages et des professionnels bruxellois et à les transformer en énergie renouvelable et en compost, devrait voir le jour d’ici 2026. Mais on sait aussi déjà que cette solution de biométhanisation à grande échelle ne suffira pas à traiter le volume de déchets produit chaque année. C’est pourquoi des entreprises privées proposent des solutions à l’échelle locale.

« Selon la fameuse étude ‘Phosphore’, il y a en Région bruxelloise environ 100.000 tonnes de déchets organiques par an », explique Didier Lodewyckx, administrateur délégué de la société Metabolism. « L’usine de biométhanisation qui sera construite en Région bruxelloise pourra traiter au maximum 30.000 tonnes de déchets organiques par an. Par ailleurs, l’étude a estimé que tous les petits composts de quartier pourraient représenter environ 1.000 tonnes de déchets. Il va donc falloir compenser le gap par des initiatives locales et sur le lieu de production des déchets. »

VALORISER LOCALEMENT

Une entreprise comme Metabolism propose la valorisation locale et circulaire des déchets urbains. « Notre but est de proposer des solutions de valorisation des déchets sur le lieu de production du déchet, ou sur un lieu très proche car on peut mutualiser certaines collectes et faire un projet commun avec plusieurs fournisseurs de biodéchets », explique son fondateur. Concrètement, Metabolism installe deux types de solutions. 

La première : des composteurs électromécaniques pour transformer les déchets en compost. « Avec une tonne de déchets organiques, on obtient environ 400 kg de compost », affirme Didier Lodewyckx. 

La deuxième solution est le biodigesteur, qui permet de transformer des déchets organiques en gaz. Ce gaz, qui a la même qualité que le gaz de ville, peut ensuite soit être directement utilisé pour alimenter des chaudières, des cuisinières…, soit alimenter un générateur électrique fonctionnant au gaz méthane pour produire de l’électricité. « Lors du festival de Werchter en juin, par exemple, un biodigesteur sera installé pour transformer les déchets organiques en électricité et en eau chaude pour les sanitaires des campings. » 

Une autre start-up comme BioWasteUpcycling propose quant à elle un digesteur accéléré qui permet de transformer en 24 heures les déchets en une poudre sèche et stérilisée, destinée à être valorisée dans l’agriculture.

UN CERCLE LOCAL VERTUEUX

La solution de compostage est la moins évidente pour un restaurant, surtout s’il est situé en plein centre-ville, excepté peut-être dans le contexte d’un complexe hôtelier où il y a des zones vertes, car une des contraintes du compostage est qu’il nécessite aussi, en plus des déchets alimentaires, des déchets verts. Mais ce n’est pas impossible du tout ! Cela demande toutefois de revoir ses habitudes de travail et faire preuve de créativité. On est en plein dans l’économie systémique et l’économie circulaire, où l’idée est d’arrêter de travailler seul dans son coin mais de créer un écosystème pour contrer les inconvénients.

MUTUALISER LES CONTRAINTES ET LES SOLUTIONS

En zone urbaine, c’est surtout l’espace qui pose problème. « Le compostage requiert un espace de 15 à 50 m2. Et il faut prévoir une zone de maturation du compost pendant six à huit semaines avant de pouvoir l’utiliser directement. Enfin, ça demande une connexion électrique mais la consommation est très faible », affirme Didier Lodewyckx. Un biodigesteur quant à lui occupe l’espace d’un container d’environ 20 pieds (longueur : 5,89m ; largeur : 2,35m ; hauteur : 2,36m).

C’est pourquoi ce genre de solution peut être intéressant à envisager à plusieurs. Différents acteurs pourraient créer ensemble une sorte de coopérative ou d’asbl pour investir dans une machine, puis se rémunérer par la vente du gaz, de l’électricité ou du fertilisant, par exemple.

AVANTAGE FINANCIER

Outre le fait que le tri sélectif deviendra obligatoire bientôt, le traitement local des déchets présente plusieurs avantages. Évidemment, c’est bon pour la planète. Moins de déchets partent à la poubelle, et il y a aussi moins de transport, et donc moins de CO2. Mais Didier Lodewyckx ne cache pas que c’est l’avantage financier qui motive surtout ses clients. 

« Vous faites d’abord des économies, parfois très importantes, en termes de collecte des déchets étant donné qu’on transforme ceux-ci sur place. » Les prix varient très forts selon les restaurants, en fonction des contrats signés avec la société de collecte, en fonction des régions aussi… « Mais pour vous donner une idée, j’ai fait le calcul pour un restaurant qui fait près de 50 à 60 couverts par jour, et qui produit environ 130 à 150 kg de déchets organiques par semaine. La collecte de biodéchets représente pour lui un coût d’à peu près 1.500 euros par an. »

ÉCONOMIES D’ÉNERGIE

Selon lui, la situation ne va pas aller en s’améliorant. « Le coût des collectes ne va faire qu’augmenter. Et donc le fait de pouvoir valoriser les déchets est aussi un avantage. » Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, l’argument parle : « avec la biodigestion, dans 5 ou 10 ans, le prix du kilowattheure produit sera toujours le même ! »

Pour terminer, le plus gros frein actuel de ces solutions locales est qu’il faudrait une évolution des législations régionales pour faciliter leur mise en place. « Celles-ci ont été faites pour les grandes collectes et la grande centralisation, mais aujourd’hui, tout le monde se rend compte qu’il faut des solutions complémentaires locales », termine le fondateur de Metabolism. Ce n’est sans doute qu’une question de temps, car même les Régions devront y passer !

 

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